La Lumière – Torgny Lindgren

L’automne était déjà bien avancé lorsque Jaspar apporta la maladie à Kadis. Jusqu’à Nordingra il avait marché pour se chercher une femme mais n’en avait point trouvé. Il la voulait les yeux rapprochés. Et que son nez fût haut, et mince à la racine. Que ses jambes fussent un tantinet cagneuse et qu’elle portât une envie sur la joue droite et les incisives légèrement écartées et, quel que fût son nom de baptême, il l’appellerait Maria.
Il la chercha durant trois jours, la décrivant minutieusement à tous, mais personne ne voulait admettre qu’elle existât.
Puis ses positions prirent fin, il avait apporté du pain d’orge et du boudin noir et des raves fraîches dans sa hotte d’écorce de bouleau jetée sur son épaule. Il refusait de mendier: si la femme qu’il cherchait existait, elle l’aurait méprisé en apprenant qu’il mendiait son pain. Alors, il reprit le chemin par lequel il était venu. (…)