Destination cataclysme – Jimmy G. Quint

C’était ça, l’Amour, le grand fleuve qui séparait le territoire soviétique de la Mandchourie. Dans l’aube morne de ce 11 avril 1959 il n’y avait que lui d’à peu près vivant. Et encore! Ses eaux lourdes, de remous en tourbillons, déroulaient des reflets plombés. La rive nord du fleuve, surélevée, portait sur son dos une forêt de mélèzes qui, sur des kilomètres, s’enfonçait en territoire soviétique: des arbres pétrifiés qui, dans la froide lumière naissante, semblaient ne pas oser remuer une branche. Au-delà de la forêt,invisible, la Taïga et ses impénétrables marécages où se risquent parfois des aventuriers ( trafiquants ou chercheurs d’or) montés sur des Sabaïkalkas, ces chevaux cosaques aussi sauvages que le pays.