Le jardin suspendu – Nicole Morelle

Etienne a grandi dans les faubourgs d’une petite ville où son horizon se limite à une ligne de collines au-dessus d’une gare désaffectée, aux profils de vieux toits et de clochers, avec quelques échappées vers la campagne voisine. Enfant replié sur lui-même, se sentant et se voulant « différent », il a choisi de ne voir de ce décor que la beauté et la poésie et surtout de les imaginer. Au bout de ses rêves, la musique l’attend qui l’absorbe, dit-il, comme un poisson gobe une mouche, et qui lui apparaît comme le moyen d’exister enfin à ses propres yeux et à ceux des autres.
Enfermé dans un isolement égoïste que même son mariage ne rompra pas, ayant évincé par une habile machination le vieux Maître qui lui a tout appris, il restreint son univers maintenant aux dimensions de la cathédrale, où il devient titulaire des grandes orgues. Il y règne à bord de sa tribune et sa vie semble devoir s’immobiliser sur cette image qu’il a crue celle de la plénitude et qui n’est peut-être que celle de la solitude.
Mais survient une jeune fille de dix-sept ans qui sera son élève et qui l’obligera à se remettre en question.
Monde clos de la province, monde clos de la cathédrale : Nicole Morelle y trace avec lucidité, intelligence et sensibilité le chemin de son héros qui poursuit, à travers la musique et l’amour, sa vision personnelle d’un bonheur idéalisé.